vendredi 29 novembre 2013

Quessé que ça veut dire en français?

Il existe un nombre incalculable d'expressions qui sont seulement utilisées au Québec. Au cours des deux dernières années, il n'a pas été rare d'entendre des commentaires tels que : les gens ne parlent pas comme mon professeur de l'Alliance française à Montréal. On dirait que c'est une autre langue! En effet, il facile de comprendre les différences entre les expressions utilisées au Québec et en France. Je vous en dresserai l'historique et vous en indiquerai les raisons dans un prochain billet. Aujourd'hui, j'avais plutôt envie de partager avec vous quelques-unes des formules qui font en sorte que les visiteurs peuvent parfois croire que le français de notre province n'est pas le même qu'en France. 

Bien que je sois d'accord sur le fait que les accents sont très loin l'un de l'autre, je mets au défi les personnes qui croient que nous utilisons un dialecte du français, de lire le journal Le Devoir et de prendre un texte du Figaro et de les comparer. Vous aurez cette conclusion : à l'écrit, c'est pareil! Ainsi, les origines et la manière que le français oral a évolué des deux côtés de l'Atlantique sont différentes.

De cette manière, je vous offre quelques expressions et leur signification afin que vous puissiez vous familiarisez avec cette belle province et cet accent coloré qui le nôtre! J'en partegerez d'autres dans les prochaines semaines et vous invite à les suivre! 

Expressions
Aller aux vues
Au plus sacrant
Avoir de la misère
Avoir de l'eau dans la cave
Avoir du cœur au ventre
Avoir du guts
Avoir du pain sur la planche
Avoir la guedille au nez
Avoir la journée dans le corps
Avoir la tête enflée
Avoir le cœur gros
Avoir le feu au cul
Avoir le motton
Avoir les baguettes en l'air
Avoir les mains plein de pouces
Avoir les deux yeux dans le même trou
Avoir l'estomac dans les talons
Avoir mal au cœur
Avoir une bad luck
Avoir une crotte sur le cœur
Boss de bécosse
Botcher son travail
Significations
Aller au cinéma
Au plus vite
Avoir de la difficulté
Avoir les pantalons trop courts
Être vaillant
Avoir du cran, du courage
Avoir beaucoup de travail
Avoir la morve au nez
Être fourbu après une journée éreintante
Être vaniteux, prétentieux
Être triste
Être très en colère ou être très pressé, fuir
Avoir la gorge serrée par l’émotion.
Gesticuler beaucoup par nervosité
Être malhabile de ses mains
Être mal réveillé
Avoir très faim
Avoir envie de vomir
Être malchanceux
Avoir du ressentiment
Montrer de l'autorité sans la posséder
Faire un travail avec négligence

  

lundi 25 novembre 2013

Jurer au Québec! Crisse que c'est pas facile!

Crisse de tarbarnak, c'est quoi ton ostie de problème! Si vous vivez au Québec depuis quelques heures, vous avez certainement entendu deux des trois jurons les plus utilisés dans la Belle province. Pour exprimer sa frustration, sa colère, ou simplement pour donner une intensité à une action, les sacres au Québec occupent une place de choix dans notre langage coloré! Vous avez peut-être essayé de les utiliser, mais vous ne pouvez pas imiter votre meilleur ami Québécois bien que vous aimeriez. Je vous comprends, sacrer est un art difficile à maîtriser. L'intensité, la qualité, l'action et la situation vont déterminer le mot à utiliser.

Il existe les sacres durs qui possèdent une intensité plus fortes. Ils sont mal perçus et sont réellement considérés comme des blasphèmes. Les plus courants sont : crisse, tabarnak, ostie, calvaire, câlisse, ciboire, viarge, baptême et sacramant. On peut les combiner pour doubler ou tripler l'intensité du juron : osti de câlisse. On peut les sanctifier également : saint-ciboire.

 Les sacres doux sont des versions ramollies des sacres durs. Ils sont donc moins choquants mais ne s'utilisent pas dans n'importe quelle circonstance non plus. Les plus courants sont : tabarnouche, calvasse, calvince, tabouère, clisse, crime, batèche, sacramouille, cibolaque, christie, etc. Ils sont toujours considérés comme un niveau de langage assez bas et complètement informel.

Mais d'où viennent-ils? Au Québec, tous les blasphèmes sont des mots religieux, révélant ainsi l'omniprésence de la religion (parfois utile pour la survie du peuple, parfois honteusement manipulatrice de ce même peuple). La religion catholique au Québec a été un des éléments qui a permis aux francophones de conserver une identité. Elle les a cependant parfois fait vivre dans la terreur du châtiment. Concrètement, plusieurs de ces jurons traduisent le caractère profanatoire d'une référence à des objets ou personnages sacrés dans un contexte non religieux, condamné par le Deuxième commandement du Décalogue -- « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain » (Exode 20:7), ou quelque autre variante. Notons aussi que la majorité des sacres québécois font référence à la cérémonie de la communion. Au Québec, celui qui jurait de la sorte se mettait à l'écart de la communauté religieuse, son comportement impliquait apostasie et rejet de l'Église. Toutefois, ces expressions se sont répandues dans toutes les couches de la population, même les classes plus instruites et parfois même dans le clergé.

Les sacres peuvent être utilisés comme simple interjection (marquant la surprise, la douleur, la consternation). Ils peuvent être utilisés comme noms communs et deviennent alors des insultes (en mettant "un(e)" ou "le/la" devant). Ils peuvent qualifier (un calvaire de bon film), quantifier (il y en avait en tabarnaque) et certains sacres durs peuvent même servir de verbes (crisser, câlisser)

Utiliser un sacre a pour effet d'amplifier le sens de la phrase ou du mot. Dire : « Tu m'énarves, tabarnak » marque un niveau d'émotion plus important que : « Tu m'énerves ». « Il fait frette, câlice » marque un énervement par rapport au froid plus grand que : « Il fait froid ». Un crisse de gros rat est plus gros qu'un gros rat. Un hostie de cave est plus idiot qu'un cave. Un câlice de bon film est meilleur qu'un bon film.

Dans cet esprit, Un « crisse de tabarnak de saint-ciboire de saint-sacrament de câlice d'ostie de colon » marque un très fort niveau d'énervement par rapport à l'auteur d'une idiotie perçue ou avérée. Faisant partie intégrante du langage québécois, les sacres et jurons apparaissent régulièrement dans les œuvres littéraires (pièces de théâtre de Michel Tremblay), télévisuelles ou cinématographiques réalisées au Québec. Une scène typique apparaît dans Bon cop bad cop, où un québécois interprété par Patrick Huard explique les subtilités des déclinaisons des sacres au Québec en noms, verbes et adjectifs à un ontarien interprété par Colm Feore. Très révélatrice, cette scène nous permet d'apprécier l'art de sacrer!

Bien que pour les visiteurs ces mots paraissent drôles, parfois amusants, ils peuvent s'avérer extrêmement choquants et insultants. Ils s'utilisent dans un contexte très décontracté et amical, ou encore si vous voulez être extrêmement insultant! Alors, utilisez-les avec attention!

Liste de différents sacres : Baptême, Bâtard, Câlice, Calvaire, Ciboire, Crisse, Diable, Étole, Maudit, Mausus, Ostie, Sacrament, Sacrant, Saint-chrême, Simonaque, Tabarnak, Torrieux, Viarge.



jeudi 21 novembre 2013

Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire : " À la prochaine fois! ", René Lévesque

Suite à mon premier billet publié sur ce blogue qui portait sur ma vision des habitants du Québec, j'ai reçu plusieurs commentaires qui questionnaient le mouvement indépendantiste québécois. J'ai senti une certaine confusion dans la perception du sentiment de fierté qui habitent les Québécois et la volonté de devenir un pays. Ainsi, j'ai décidé de tenter d'éclairer vos lanternes afin que vous compreniez davantage ce désir de souveraineté qui existe chez plusieurs canadiens-français, dont moi! 

D'abord, voici la définition du mot "Nation" : Ensemble des êtres humains vivant dans un même territoire, ayant une communauté d'origine, d'histoire, de culture, de traditions, parfois de langue, et constituant une communauté politique. Ainsi, pour être une nation, les frontières ne sont pas un pré-requis.

Tout d'abord, il faut comprendre que le Canada est composé de ce que nous appelons les deux grandes solitudes : les Anglais et les Français. Si vous avez voyagez quelque peu à travers les différentes provinces, vous vous êtes probablement rendu compte que les gens qui vivent dans l'Ouest du pays possèdent une vision différente des personnes qui vivent au Québec. Une première différence est évidemment la langue, mais au-delà de cet aspect, il est intéressant que les opinions politiques divergent entre l'Ouest et l'Est du pays. 


Il est facile de se rendre compte que le Québec est un endroit plus socialiste dans son approche. Les programmes sociaux, les études, l'aide aux familles, ce sont tous des sujets où on investit beaucoup plus que dans les autres provinces. Il est vrai que les impôts sont plus élevés cependant, il est également vrai que l'Ontario ne possède pas de régime d'assurance-médicament public par exemple. Cette différence politique est remarquée depuis la colonisation, les Français étant plus socialiste que les Anglais à la base. 


L'autre grande différence est la langue. À l'époque de la conquête anglaise, le territoire se divisait en deux parties, le Haut-Canada (l'Ontario - majoritairement anglophone) et le Bas-Canada (le Québec - majoritairement francophone). Dès les débuts, les anglais ont essayé d'assimiler les Canadiens-Français et n'ont pas été capable. Un fort sentiment de fierté et de solidarité a ainsi pris naissance et plutôt que d'intégrer les Canadiens-Français, les Anglais ont créé un mouvement de résistance (Les Patriotes). Cette nécessité de lutter pour garder son identité, sa langue et ses droits a uni les francophones.

Je vous entends déjà me demander en quoi cela a une relation avec le vingtième siècle. Ce sentiment de lutte est toujours présent. Lors du rapatriement de la Constitution canadienne, le Québec a perdu son statut de peuple fondateur pour être considéré simplement une ethnie parmi tant d'autres. Comme quoi au vingtième siècle, les Québécois doivent encore lutter pour garder leur identité culturelle.

Ainsi, au fil des décennies, la fierté de parler français, la reconnaissance des plus jeunes envers leurs parents et leurs grands-parents de s'être batttus pour pouvoir transmettre un héritage plus grand que leur propre personne est toujours présent. Avec son propre système culturel (télévision, chanson, littérature), le Québec possède, contrairement aux autres provinces, tous les éléments propres à une nation.

Je peux vous donner d'autres raisons qui poussent les Québécois à vouloir diriger leur propre destinée en fonction de leurs besoins. Tous ceux qui accusent les indépendantistes de vouloir briser un pays sont donc dans le tort. L'esprit du mouvement pour l'indépendance du Québec est davantage axé sur la volonté d'une grande majorité de gens de réussir à protéger leur culture (le Québec représente 2% de la population nord-américaine), d'avoir le dernier mot sur les politiques sociales et économiques pour permettre aux citoyens de vivre dans une société axée sur le partage de la richesse plutôt que dans un modèle républicain où l'écart entre les riches et les pauvres s'accentue.

Ainsi, ce texte ne se veut en rien un billet pour vous convaincre que l'indépendance québécoise est la seule voie de salut de La Belle Province, c'est davantage pour que vous preniez conscience qu'il existe un fort sentiment de fierté au sein de la communauté francophone au Québec. Ces gens sont ouverts aux autres cultures contrairement à ce que certains fédéralistes laissent croire. Le Québec, c'est une nation multiculturelle où l'apport des immigrants a permis de donner de la couleur à une langue et un peuple. Et comme le plus ardent défenseur de la Souveraineté à déjà dit : " Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire: À la prochaine fois! ", René Lévesque.

   

mercredi 13 novembre 2013

Les gens de mon pays...

Comment débuter un blog dont le sujet principal sera la culture québécoise? Que dire à mes élèves et futurs lecteurs -- possiblement futurs citoyens du Québec -- pour leur décrire ce peuple fier, ces gens qui ont toujours su se serrer les coudes lors de tourmentes (encore une fois lors de la catastrophe de la ville de Lac-Mégantic, nous en avons eu une démonstration), et qui ouvrent leurs portes aux cultures du monde. 

Il est difficile de trouver un texte d'introduction qui me permet de partager l'amour que j'ai pour cette patrie de chaleur humaine, de froid hivernal, et de paysages colorés. Ainsi, j'ai décidé de laisser un grand poète vous partager cet amour par les mots d'une chanson intitulée Les Gens de mon pays. À tous les futurs immigrants et visiteurs du Québec, sachez que ce coin de terre est de loin l'endroit qui possède le plus de couleurs, que ce soit dans ses paysages ou sa culture.

Chaque fois que j'écoute cette chanson, la nostalgie me prend le coeur et ma terre me manque. À travers les couleurs automnales, la blancheur hivernale, le grisâtre printanier et la verdure estivale, ce sont des hommes de fierté qui ont construit ce qui deviendra pour certains d'entre vous, votre nouvelle patrie.
Au plaisir!

Voici un lien pour ceux qui aimeraient écouter l'auteur vous chanter sa description des gens de notre pays:

Les gens de mon pays :

Les gens de mon pays
Ce sont gens de paroles
Et gens de causerie
Qui parlent pour s'entendre
Et parlent pour parler
Il faut les écouter
C'est parfois vérité
Et c'est parfois mensonge
Mais la plupart du temps
C'est le bonheur qui dit
Comme il faudrait de temps
Pour saisir le bonheur
A travers la misère
Emmaillée au plaisir
Tant d'en rêver tout haut
Que d'en parler à l'aise

Parlant de mon pays
Je vous entends parler
Et j'en ai danse aux pieds
Et musique aux oreilles
Et du loin au plus loin
De ce neigeux désert
Où vous vous entêtez
A jeter des villages
Je vous répéterai
Vos parlers et vos dires
Vos propos et parlures
Jusqu'à perdre mon nom
O voix tant écoutées
Pour qu'il ne reste plus
De moi-même qu'un peu
De votre écho sonore

Je vous entends jaser
Sur les perrons des portes
Et de chaque côté
Des cléons des clôtures
Je vous entends chanter
Dans ma demi-saison
Votre trop court été
Et mon hiver si longue
Je vous entends rêver
Dans les soirs de doux temps
Il est question de vents
De vente et de gréements
De labours à finir
D'espoirs et de récolte
D'amour et du voisin
Qui veut marier sa fille

Voix noires et voix durcies
D'écorce et de cordage
Voix des pays plain-chant
Et voix des amoureux
Douces voix attendries
Des amours de village
Voix des beaux airs anciens
Dont on s'ennuie en ville
Piailleries d'écoles
Et palabres et sparages
Magasin général
Et restaurant du coin
Les ponts les quais les gares
Tous vos cris maritimes
Atteignent ma fenêtre
Et m'arrachent l'oreille

Est-ce vous que j'appelle
Ou vous qui m'appelez
Langage de mon père
Et patois dix-septième
Vous me faites voyage
Mal et mélancolie
Vous me faites plaisir
Et sagesse et folie
Il n'est coin de la terre
Où je ne vous entende
Il n'est coin de ma vie
A l'abri de vos bruits
Il n'est chanson de moi
Qui ne soit toute faite
Avec vos mots vos pas
Avec votre musique

Je vous entends rêver
Douce comme rivière
Je vous entends claquer
Comme voile du large
Je vous entends gronder
Comme chute en montagne
Je vous entends rouler
Comme baril de poudre
Je vous entends monter
Comme grain de quatre heures
Je vous entends cogner
Comme mer en falaise
Je vous entends passer
Comme glace en débâcle
Je vous entends demain
Parler de liberté.