lundi 25 novembre 2013

Jurer au Québec! Crisse que c'est pas facile!

Crisse de tarbarnak, c'est quoi ton ostie de problème! Si vous vivez au Québec depuis quelques heures, vous avez certainement entendu deux des trois jurons les plus utilisés dans la Belle province. Pour exprimer sa frustration, sa colère, ou simplement pour donner une intensité à une action, les sacres au Québec occupent une place de choix dans notre langage coloré! Vous avez peut-être essayé de les utiliser, mais vous ne pouvez pas imiter votre meilleur ami Québécois bien que vous aimeriez. Je vous comprends, sacrer est un art difficile à maîtriser. L'intensité, la qualité, l'action et la situation vont déterminer le mot à utiliser.

Il existe les sacres durs qui possèdent une intensité plus fortes. Ils sont mal perçus et sont réellement considérés comme des blasphèmes. Les plus courants sont : crisse, tabarnak, ostie, calvaire, câlisse, ciboire, viarge, baptême et sacramant. On peut les combiner pour doubler ou tripler l'intensité du juron : osti de câlisse. On peut les sanctifier également : saint-ciboire.

 Les sacres doux sont des versions ramollies des sacres durs. Ils sont donc moins choquants mais ne s'utilisent pas dans n'importe quelle circonstance non plus. Les plus courants sont : tabarnouche, calvasse, calvince, tabouère, clisse, crime, batèche, sacramouille, cibolaque, christie, etc. Ils sont toujours considérés comme un niveau de langage assez bas et complètement informel.

Mais d'où viennent-ils? Au Québec, tous les blasphèmes sont des mots religieux, révélant ainsi l'omniprésence de la religion (parfois utile pour la survie du peuple, parfois honteusement manipulatrice de ce même peuple). La religion catholique au Québec a été un des éléments qui a permis aux francophones de conserver une identité. Elle les a cependant parfois fait vivre dans la terreur du châtiment. Concrètement, plusieurs de ces jurons traduisent le caractère profanatoire d'une référence à des objets ou personnages sacrés dans un contexte non religieux, condamné par le Deuxième commandement du Décalogue -- « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain » (Exode 20:7), ou quelque autre variante. Notons aussi que la majorité des sacres québécois font référence à la cérémonie de la communion. Au Québec, celui qui jurait de la sorte se mettait à l'écart de la communauté religieuse, son comportement impliquait apostasie et rejet de l'Église. Toutefois, ces expressions se sont répandues dans toutes les couches de la population, même les classes plus instruites et parfois même dans le clergé.

Les sacres peuvent être utilisés comme simple interjection (marquant la surprise, la douleur, la consternation). Ils peuvent être utilisés comme noms communs et deviennent alors des insultes (en mettant "un(e)" ou "le/la" devant). Ils peuvent qualifier (un calvaire de bon film), quantifier (il y en avait en tabarnaque) et certains sacres durs peuvent même servir de verbes (crisser, câlisser)

Utiliser un sacre a pour effet d'amplifier le sens de la phrase ou du mot. Dire : « Tu m'énarves, tabarnak » marque un niveau d'émotion plus important que : « Tu m'énerves ». « Il fait frette, câlice » marque un énervement par rapport au froid plus grand que : « Il fait froid ». Un crisse de gros rat est plus gros qu'un gros rat. Un hostie de cave est plus idiot qu'un cave. Un câlice de bon film est meilleur qu'un bon film.

Dans cet esprit, Un « crisse de tabarnak de saint-ciboire de saint-sacrament de câlice d'ostie de colon » marque un très fort niveau d'énervement par rapport à l'auteur d'une idiotie perçue ou avérée. Faisant partie intégrante du langage québécois, les sacres et jurons apparaissent régulièrement dans les œuvres littéraires (pièces de théâtre de Michel Tremblay), télévisuelles ou cinématographiques réalisées au Québec. Une scène typique apparaît dans Bon cop bad cop, où un québécois interprété par Patrick Huard explique les subtilités des déclinaisons des sacres au Québec en noms, verbes et adjectifs à un ontarien interprété par Colm Feore. Très révélatrice, cette scène nous permet d'apprécier l'art de sacrer!

Bien que pour les visiteurs ces mots paraissent drôles, parfois amusants, ils peuvent s'avérer extrêmement choquants et insultants. Ils s'utilisent dans un contexte très décontracté et amical, ou encore si vous voulez être extrêmement insultant! Alors, utilisez-les avec attention!

Liste de différents sacres : Baptême, Bâtard, Câlice, Calvaire, Ciboire, Crisse, Diable, Étole, Maudit, Mausus, Ostie, Sacrament, Sacrant, Saint-chrême, Simonaque, Tabarnak, Torrieux, Viarge.



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